Deux des œuvres d’art sacré réalisées par le sculpteur Louis-Philippe Hébert pour la cathédrale Notre-Dame sont en lien avec la fête de l’Épiphanie que nous célébrons le douzième jour après Noël. À l’Épiphanie, Jésus se révèle aux gentils, à toutes les nations, représentés par les mages, ces astronomes, ces savants, venus de l’Orient.
À l’extrémité droite du maître-autel, il y a une scène qui représente la Nativité de Jésus ainsi que les bergers qui sont venus voir le roi nouveau-né qu’annonçaient les anges. Tout près, on aperçoit des rois de diverses ethnies, qu’on appelle communément les mages. Un anachronisme : on y voit également des personnages représentant les missionnaires, hommes et femmes, membres des communautés religieuses, qui ont porté la foi à travers le monde entier. On y aperçoit également des mères et leurs enfants qui, dans leurs foyers, sont à l’écoute de Jésus qui est à prononcer son Sermon sur la montagne.
Louis-Philippe Hébert nous rappelle que lorsque deux ou trois chrétiens se réunissent pour partager leur foi, le Christ glorifié, le Ressuscité, se tient là parmi eux, les instruisant grâce à l’Esprit Saint, leur enseignant les vérités au sujet de Dieu et sur ce qu’il convient de faire pour mener une vie juste.
La fête de l’Épiphanie ou de la « Manifestation » de Dieu, est jour de célébration : tous les peuples du monde entier sont invités à reconnaître le Fils de Dieu comme leur Sauveur.
Dimanche prochain, en après-midi, lors de la Messe multiculturelle — célébration riche en couleur, que nous célébrerons dans la cathédrale d’Ottawa — les catholiques de l’archidiocèse d’Ottawa se rassembleront pour rendre un vibrant témoignage de la diversité des peuples qui partagent cette même foi en Jésus. Cette célébration se déroulera alors que la question des migrants est devenue sujet controversé au Canada, alors qu’on se dispute à savoir si les demandeurs d’asile qui entrent au Canada en passant entre les points d'entrée officiels doivent être désignés « illégaux » ou « irréguliers ».
L’archidiocèse d’Ottawa est fier de son caractère bilingue : 40 paroisses sont francophones, 50 sont surtout anglophones. Quinze paroisses desservent des communautés ethniques, ou des groupes partageant la même langue nationale : Chinois, Coréens, Vietnamiens, Allemands, Portugais, Polonais, Italiens, Croates, Hongrois. Les Philippins, les Haïtiens, les Nigériens, les Congolais, les Malgaches et les Burundais se réunissent également pour célébrer ensemble.
Les catholiques autochtones entrent d’abord, suivis des membres des autres communautés, chacun, chacune, revêtue de ses costumes traditionnels. Tout cela nous permet de vivre une liturgie multilingue haute en couleur. Cette célébration témoigne du caractère universel de l’Église.
Les tensions qu’occasionne la question de l’immigration demeurent cependant bien réelles. Le Canada reçoit un bon nombre de personnes qui sont passées par les États-Unis. Ces personnes ne détiennent pas la citoyenneté américaine et ont peur d’être expulsées. Techniquement, ces personnes font partie des 'illégaux', mais notre gouvernement est bienveillant. Le nombre de ces migrants n’est pas énorme.
Se mettre à la rencontre des étrangers pose à la fois un défi et une opportunité pour les chrétiens. Les étrangers sont nos frères et nos sœurs dans le Christ. Il m’arrive parfois d’oublier cela. Je suis trop préoccupé avec mes propres besoins et mes propres affaires. Le Christ a pourtant dit qu’il est l’étranger, la personne nue, le sans-abri, l’immigrant. Je dois reconnaître le Christ dans chaque personne.
Mes visites dans les diverses paroisses ethniques m’aident à élargir ma vision. Je ne comprends pas toujours leur manière de voir les choses tout de suite. Parfois, je dois me retirer et prier avant de pouvoir reconnaître et apprécier tout le trésor spirituel qu’elles apportent.
Je ressens la joie que les personnes d’origine hispanique partagent entre elles lorsqu’elles célèbrent Notre-Dame de Guadalupe. Les francophones sont plus spontanés, les anglophones plus réservés. Les Nigériens sont plus colorés dans leurs vêtements et leurs chants. Devant cette diversité, je peux me sentir offusqué ou je peux en profiter pour m’enrichir.
Au Canada, on parle d’intégration au lieu d’assimilation; de mosaïque au lieu de « melting pot ».
Dans son tableau « L’adoration des mages », Léonardo de Vinci a placé Jésus et les mages en premier plan devant des ruines et une cavalerie au combat en arrière-plan. Le monde souffre de plusieurs maux. Avec l’aide de Dieu, nous pouvons rétablir les bonnes relations entre nous.
La Messe multiculturelle est une occasion de nourrir notre espérance et de retrouver la joie qui vient de notre diversité, une occasion de faire contrepoids à notre monde en chamaille.