Les évêques préconisent une transformation des attitudes vis-à-vis les abus sexuels
Mgr Terrence Prendergast
Le 7 octobre 2018
La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) vient de publier un document dont l’objectif est de « stimuler une transformation culturelle des attitudes concernant les abus sexuels. »
Intitulé Protection des personnes mineures contre les abus sexuels : Appel aux fidèles catholiques du Canada pour la guérison, la réconciliation et la transformation, ce document s’adresse à tous les membres du clergé catholique (évêques, prêtres, diacres), de même qu’aux membres de communautés religieuses, au personnel laïc et aux bénévoles qui entrent en contact avec des personnes mineures ou des adultes vulnérables.
Ce document a été adopté à l’unanimité le 27 septembre dernier par les évêques du Canada réunis en Assemblée plénière annuelle, et fut distribué dans tous les diocèses à travers le pays.
Ce document établit des normes nationales que tous les évêques se sont engagés à mettre en vigueur dans leur diocèse respectif.
Le document de la CECC l’affirme clairement :
« Depuis la publication de De la souffrance à l’espérance en 1992, il est devenu de plus en plus clair que les agressions sexuelles de membres du clergé et de religieux à l’égard de personnes mineures ont des effets dévastateurs, en tout premier lieu sur les victimes elles-mêmes et sur leurs familles, sur tous les membres de l’Église catholique (à l’échelle locale, nationale et internationale) et sur la société en général. »
« Les leaders religieux du Canada et d’ailleurs ont dû s’occuper non seulement de ces sentiments, mais aussi de tant de vies brisées, et s’acquitter de leur obligation de réparer les dommages causés aux personnes et aux collectivités. »
Le document de la CECC souligne également l’importance d’adopter des lignes directrices « claires, exhaustives et accessibles » pour prévenir les abus.
À Ottawa, nous avons mis en place, depuis plusieurs années, notre propre protocole, notre propre programme de filtrage des bénévoles et d’engagement responsable. Celui-ci était conforme aux lignes directrices émises par la CECC en 1992 dans le document intitulé De la souffrance à l’espérance, un des premiers documents du genre, à portée nationale, à voir le jour dans l’Église catholique.
L’an passé, l’archidiocèse d’Ottawa a pris la décision d’agir de manière proactive et de faire encore davantage afin d’assurer un environnement sécuritaire à ceux et celles qui font appel à ses services ou participent à ses activités, plus particulièrement les jeunes et les personnes les plus vulnérables. Nous avons établi un Bureau diocésain pour un milieu sûr (BDMS) doté d’un employé laïc à temps plein.
Les priorités du BDMS sont de réviser et de mettre à jour les politiques, les procédures et les codes de conduite; le processus de filtrage; les protocoles de surveillance; les façons de porter plainte et le processus d’enquête, en plus de préparer des programmes de formation et d’éducation.
Une plus grande participation des laïcs est essentielle si on veut favoriser l’imputabilité des évêques. Voilà pourquoi le nouveau document de la CECC encourage les évêques à mettre sur pied un conseil consultatif composé de laïcs qualifiés et de professionnels (qui à Ottawa portera le nom de Conseil diocésain de révision) dont la tâche principale sera d’aider l’évêque à évaluer les allégations d’abus et éliminer toute tentative de camouflage.
Nous avons presque complété la mise à jour de nos protocoles et nous avons commencé à les comparer aux nouvelles directives émises par la CECC afin de nous assurer qu’ils sont compatibles. Cette semaine, nos journées pastorales auront pour thème principal la mise en œuvre de nos nouvelles procédures de sécurité.
Le document de la CECC comprend 187 pages et comporte 69 recommandations inspirées par les leçons que les évêques ont apprises au cours du dernier quart de siècle. « La principale, nous disent les évêques, c’est que l’attention portée aux victimes doit être prioritaire ».
« Le cœur de cette vision de l’Église catholique nous dit le document de la CECC, “consiste dans le besoin de reconnaître le passé et d’en tirer les leçons, de relever le défi de la conversion pastorale, de saisir le besoin de renouveler le ministère pastoral, et de rendre visible la vérité d’un Dieu qui aime, qui pardonne, qui fait miséricorde.”
Nous avons appris plusieurs leçons alors que nous cherchons à trouver une solution au problème des abus en Église, y compris plusieurs qui ont trait à l’Imputabilité, à la transparence, à la prévention et à la guérison. Nous devons aller de l’avant ensemble aussi bien qu’individuellement afin de réparer le grave dommage causé à l’Église et à la société par des années d’abus par des prêtres, et le camouflage des évêques.
Avec contrition, nous reconnaissons que “les abus sexuels sont une contradiction absolue de tout ce que Jésus-Christ représente” affirment les évêques dans leur document.
Mgr Terrence Prendergast est archevêque d’Ottawa et évêque d’Alexandria-Cornwall